Une rencontre littéraire Vleel avec les éditions Plein Jour ? En plus de l’attendre depuis longtemps, je savais qu’il serait riche et pertinent. A l’image des livres publiés par la maison dirigée par Sybille Grimbert.
C’est en 2013 que la maison voit le jour avec un axe fort : pas de romans mais de la littérature du réel, quand le journalisme rejoint la littérature. La ligne éditoriale est très libre tant que le réel est au cœur. Sylvain Pattieu et Claire Berest font partie des premiers auteurs à y être publiés. Ils avaient envie d’être sur le terrain, de rencontrer des gens. Aucun sujet ne leur a été imposé, les auteurs ont carte blanche et les moyens d’enquêter, c’est-à-dire du temps, un budget et aucune contrainte sur le nombre de pages. En contrepartie, ils apporteront l’exigence d’un regard qui va sortir de la façon de faire du journalisme (la contrainte de l’instant) et un style littéraire
Il y a deux collections- Proche Europe, qui tisse un lien étroit avec le Courrier d’Europe Central et de jeunes historiens. Une collection qui précède ce qui s’est passé en Ukraine. Il y a des enquêtes de terrain en Hongrie, en Biélorussie et un livre à venir sur l’association Memorial qui travaille sur la mémoire de l’Union soviétique. C’est presque un mauvais flair qui est à l’origine de cette collection. Quelque chose de fondamental se passe à l’Est, la montée des populismes, avec Orban en Hongrie notamment et une réécriture en cours de l’histoire. Quelque chose qui arrive chez nous. Il est donc urgent de tourner le regard à l’Est de l’Europe.
La seconde, Les invraisemblables, traite de sujets qui se prêtent à un roman du réel, qui pourrait tendre plus vers la fiction. Par exemple, Comment construire une cathédrale de Mark Greene qui évoque le projet fou de l’artiste Justo Gallego. Tout est dans le titre !
Si les enquêtes sont au cœur de la maison, Plein Jour est hors du champ de l’enquête politique…
Cette dimension est celle de la presse écrite, du métier de journaliste qui comme le dit Sybille Grimbert est “merveilleux et extrêmement utile”. Pour autant, elle ne rechigne pas à la polémique, il y en a forcément là où il y a des gens et des histoires. Elle tient profondément à l’indépendance totale de l’auteur, c’est une maison d’édition d’idées, de partis pris. Toutes les informations sont vérifiées. Tous les faits doivent être vrais. C’est le contrat moral passé avec le lecteur. L’autre contrat moral, cette fois-ci passé avec elle-même et de ne publier aucun auteur liberticide ou anti-démocratique.
Le slogan de la maison pourrait être cette citation de Terence “Rien de ce qui est humain ne m’est étranger.” Il y a des sujets intemporels, mais c’est aussi une question de timing. L’erreur est possible, mais il y a parfois des coups de chance. Les enfants invisibles était en préparation depuis longtemps et il est sous presse au moment où Le Monde sort un papier sur la prostitution des adolescents. Sybille Grimbert s’autorise tous les sujets, tout peut lui plaire. Xavier Charpentier lui a un jour proposé un livre sur la banlieue et il est depuis un auteur important de la maison.
La preuve que tous les sujets peuvent trouver leur place aux éditions Plein Jour avec la parution du Brassard, le portrait par Luc Briand d’Alexandre Villaplane qui a été capitaine des Bleus lors de la première Coupe du monde de football et qui deviendra officier nazi. En octobre, La Famille de Jean-Pierre Chantin nous donnera une vision différente de cette communauté secrète vivant au coeur de Paris, en se penchant sur son origine janséniste.. Et à venir, un livre sur le djihadisme à travers le regard d’une psychanalyste.
Vous l’aurez compris, il y a forcément un livre pour vous dans ce catalogue.
Par @hanyrhauz
A voir: le replay de la rencontre sur la chaîne YouTube
A lire: deux chroniques sur des ouvrages publiés aux éditions Plein Jour- ici et ici
