Il y a des idées de livre plus grandes que les autres. Olivier Guez a eu l’idée d’un grand tour, celui de l’Europe des 27, rien que ça. Nous l’avons écouté attentivement durent cette rencontre littéraire.
27 pays, 27 auteurs, 27 regards pour ouvrir 6 mois de présidence française de l’UE. Pour cela, il a demandé aux écrivains de parler d’un lieu. Parmi ces auteurs, il y a des amis comme Maylis de Kerangal, des auteurs avec qui Olivier Guez souhaitait travailler comme Sofi Oksannen ou Bjorn Larsson. Une liste faite en un mois. Un nombre de signes imposé, et un travail sur les textes, sur la langue comme lui aime le faire avec son éditeur. Tout ça dans un délai très court, comme une sorte d’opération commando.
Pour Olivier Guez, dans les années 80, l’Europe se vivait pleinement à Strasbourg d’où il est originaire. Il a vécu la chute du mur quand il était adolescent, il a étudié en Angleterre, vécu en Belgique mais aussi à Berlin et aujourd’hui à Rome. Il considère vraiment la France comme une province de l’Europe. La France historiquement ne s’est pas tournée vers l’Europe. Le cœur, c’est le grand espace germanique. La France plus autocentrée était davantage tournée vers ses colonies.
Depuis le 24 février et le début de la guerre en Ukraine, il y a le sentiment d’appartenir à une communauté de destins. Un changement d’échelle ? Une prise de conscience ? Cette guerre ravive la mémoire sensible. La situation en Crimée était peu connue, sûrement par paresse ou indifférence mais Poutine teste l’Europe depuis des années, il correspond mots pour mots à la définition du dictateur moderne, il n’y a donc pas de réelle surprise.
Le pari de ce livre est de donner une forme de narration à l’Europe, qui n’en a pas. En 1950, la notion d’Europe culturelle n’avait pas de sens, la culture ayant conduit à Auschwitz. La chute du mur de Berlin a manqué aussi cette unité. Mais Olivier Guez est convaincu qu’un changement est possible. Parce que l’Europe c’est avant tout une culture de la transgression.
La lancement du livre a eu lieu à l’hôtel de la Marine à Paris, il y a eu aussi une tournée des ambassades qui a permis de rencontrer les auteurs, de créer du dialogue entre eux, ils apportent à chaque fois leur texte, leur vision, leur culture. Le grand tour est une sorte d’embryon d’une communauté d’auteurs européens. Il y a eu un bon accueil à l’étranger, de nombreuses rencontres. La traduction intéresse de nombreux pays mais c’est complexe pour des questions de droits. Olivier Guez espère que les obstacles vont être franchis.
En 7 chapitres, on retrouve l’état d’esprit européen d’avant le 24 février en 27 lieux et perspectives.
Et si Olivier Guez avait écrit un texte dans ce recueil, il aurait choisi d’évoquer le pont de l’Europe entre Strasbourg et Kehl parce que l’Europe s’est faite par les fleuves.
Il ne vous reste plus qu’à les suivre.
Par @hanyrhauz
A voir: le replay de la rencontre sur la chaîne YouTube
A lire: deux chroniques sur Le Grand Tour, ici et ici

