Rencontre littéraire avec Joël Casséus

par | 07 mars 2022 | 0 commentaires

Par @sandra_etcaetera 

C’est sous le ciel toujours étoilé de Vleel que Joël Casséus est venu nous parler de son Demi-ciel publié chez Le Tripode et de son rapport à l’écriture. Une rencontre littéraire en direct de son bureau de Montréal.

Et sincèrement, faire le compte rendu d’une rencontre avec Joël Casséus, c’est forcément passer à côté de toute sa ferveur verbale et son foisonnant discours. Alors un conseil: complétez la lecture de ce compte rendu avec le replay de la rencontre sur Youtube.

Joël Casséus c’est d’abord un pedigree : né à Bruxelles, habitant au Québec, il a la double nationalité. Un doctorat en sociologie du racisme, il enseigne cette discipline à Montréal, sans téléphone portable (eh oui, c’est encore possible) pour répondre à ses convictions de libertaire anarchiste tel qu’il se définit lui-même.

Derrière la fiction, la révolte

C’est de ce besoin et cette envie de dire ce qui le révolte qu’est venue la nécessité d’écrire, à la recherche d’une littérature engagée. C’est avec Crépuscules qu’il commence à traiter le thème des réfugiés dans une narration chorale qu’on retrouve dans Demi-Ciel, les deux romans pouvant se lire l’un à la suite de l’autre.

Pour écrire Joël Casséus constate, observe et réfléchit face à des faits sociaux et historiques, tels que les peuples autochtones, les camps, les réfugiés, les enfants au travail, les discriminations… et construit alors peu à peu la fiction à travers des images, des allégories qui arrivent, se succèdent et finissent par former un ensemble sensible et porteur de sens. La fiction, comme une mise à distance avec le réel pour favoriser l’empathie et l’émotion, considérant que la sociologie pure ne peut émouvoir et donc atteindre son objectif de sensibilisation.

Des personnages sensibles

Ses personnages parlent à la première personne, une technique narrative qui lui a semblé nécessaire pour être au cœur du sujet, pour permettre au lecteur de s’identifier. Joël Casséus voit dans « le roman quelque chose qui permet une expérience sensible ». Il vit l’écriture comme une expérience humaine et esthétique, y compris si la lecture doit être inconfortable comme celle de Demi-Ciel, cherchant à faire en sorte que le lecteur quitte sa zone de confort, ressente des situations qui lui sont inconnues ou qui l’engagent dans des réalités précaires.

« Je suis peintre pour être capable de comprendre quelque chose » a dit Bacon, une phrase devenue un mantra pour Casséus qui cherche à saisir le monde et ses situations douloureuses à travers les mots et ses personnages. Si le personnage est bien défini il n’y a plus vraiment besoin de réfléchir pour écrire, il suffit juste de le suivre et de le saisir dans ses actions à l’intérieur d’un petit carnet. Voilà le rapport de Joël Casséus aux personnages de ses romans qui disent  « je » pour ne pas parler de lui mais bien des autres.

Un texte universel dans une langue commune

Tel un sociologue, Joël Casséus s’attache à partir du singulier pour tendre à l’universel dans ses romans et faire réfléchir ceux qui ne vivent ni la situation de réfugiés, ni la guerre, ni le génocide, ni l’oppression ; mais aussi pour faire comprendre à ceux qui souffrent ou ont souffert qu’ils ne sont pas seuls. Et pour que le message passe plus facilement, la langue de ses personnages se veut à la fois commune, répétitive pour foncer dans la psyché des personnages, parfois brutale et teintée de poésie, comme pour saisir la beauté dans la brutalité du moment, quand on s’y attend le moins. Et franchement c’est efficace!

La suite…

Joël Casséus écrit un nouveau roman qui pourrait se lire comme la suite de Crépuscules et Demi-Ciel. Gageons qu’il s’agira à nouveau d’une lecture éprouvante pour mieux nous permettre d’éprouver ce monde parfois toxique qui nécessite qu’on réfléchisse et qu’on réagisse ! Et ce serait alors avec plaisir l’occasion de retrouver cet auteur passionnant, au cerveau foisonnant de connaissances, habité par son propos dans un discours énergique et pétri de conviction !

La rencontre Vleel se termine et notre demi- ciel s’est peu à peu découvert pour laisser place à une belle nuit étoilée… nous sommes repus et heureux d’avoir partagé à nouveau une soirée au pays des caribous….

A voir: le replay de la rencontre sur YouTube