– Bonjour Lucie, VLEEL ne t’oublie pas depuis la sortie du Chien noir aux éditions du typhon en mars 2020 quelques jours avant le confinement. Comment as-tu vécu la parution et l’évolution de ton premier roman ?
Je crois que je me souviendrai toute ma vie de la semaine qui a précédé la sortie du Chien noir, le 11 mars 2020. Je me souviendrai toute ma vie de ce cocktail d’émotions un peu dingues. D’un côté, j’attendais la parution avec excitation, impatience, et même fierté. J’avais travaillé des mois sur ce livre, je l’avais espéré pendant des années, j’avais hâte au plus haut point. De l’autre côté, je vivais avec un nuage gris sur la tête, je savais qu’on marchait droit vers la catastrophe sanitaire, mon chéri passait ses journées à réviser ses calculs sur Excel, toujours plus pessimistes. J’hésitais. Je ressentais une appréhension, une forme d’inquiétude quant à l’avenir en général, mon cœur balançait entre espérance et résignation. Je me suis alarmée quand les librairies ont baissé le rideau le 13 mars. Puis, je me suis sentie triste et frustrée quand le confinement général a été déclaré le 17 mars. J’avais mal pour mon Chien noir. — J’ai toujours considéré ce texte comme un être vivant à part entière. — Je me suis sentie minuscule et impuissante.
Heureusement pour moi, j’ai la chance d’être chanceuse. Très chanceuse. Dès les premiers remous de la tempête, j’ai compris que mes éditeurs ne me lâcheraient pas, pas plus qu’ils ne s’abandonneraient au désespoir et à l’inaction. (Rien d’étonnant quand on s’appelle « les éditions du typhon » !) Je me suis sentie vraiment soutenue. Ils ont fait tout leur possible pour que Le chien noir continue à vivre malgré le contexte, pour qu’il ait sa chance auprès des lecteurs même si toutes les libraires étaient fermées, que toutes les rencontres étaient annulées. Ça m’a beaucoup aidée à retrouver l’enthousiasme de la sortie. À présent, quand j’y songe, je me dis que c’était beau de vivre ça avec eux. Quand on a une bonne équipe, on peut tout traverser. Et puis, il y a eu les rencontres VLEEL ! Le chien noir a reçu beaucoup de soutien des bookstagrameurs, à partir ce moment-là tout m’a semblé plus facile. Puis le dé-confinement est arrivé. Mon premier roman a été très bien accueilli ! Plus d’un an après, il continue à embarquer régulièrement de nouveaux lecteurs pour l’île maudite de Barbiche… Il n’y rien qui me rende plus heureuse que le savoir en vie, ailleurs, avec moi et chez les autres. Quand je m’y penche en t’écrivant ces mots, je perçois comme ce sentiment est étrange, très curieux, et surtout, incroyablement satisfaisant, rassurant. Un an et demi après la parution du Chien noir, je me sens extrêmement reconnaissante pour tout ce que j’ai vécu grâce à lui. Et que je vis encore.
– Comment décrirais-tu la rencontre VLEEL à laquelle tu as participé à une époque où la visioconférence faisait ses premiers pas en littérature ?
La connexion était bonne à tous les niveaux !
J’ai tout de suite adoré l’ambiance et l’accueil des participants. C’était la première édition de VLEEL, il y avait une sorte d’excitation à créer ce moment de partage. À se rencontrer, en plein confinement. La magie des bonnes ondes était avec nous. J’avais l’impression de vivre un moment nouveau, unique et privilégié. C’était comme une bouffée d’air frais.
Je te rappelle que nous avions fait deux sessions ensemble, une première que tu as oubliée d’enregistrer et une seconde quelques temps plus tard. À chaque fois, j’ai aimé comme les échanges ont été sincères, passionnés, stimulants. Dans une rencontre classique en librairie, le placement de l’auteur et du libraire face à un public, qui doit attendre la fin de l’échange pour poser ses questions, crée une distance entre les participants. Il m’a semblé que, paradoxalement, ce format de visioconférence nous offrait plus de proximité. Du coup, certaines questions ont été abordées qui ne l’auraient peut-être pas été autrement. De plus, j’ajoute qu’on a pas toujours la chance, en tant qu’auteur, d’avoir une telle concentration d’amoureux de la littérature dans le public, autant de personnes qui ont du répondant, de la curiosité. C’est vraiment magique. C’était un grand plaisir pour moi de participer à ces deux rencontres VLEEL. J’en garde un souvenir très chaleureux.
– Les chroniques de lecteurs ont-elles donné de nouveaux axes, de nouvelles pistes à explorer dans ta manière d’écrire ?
En tant que primo-romancière, je n’avais pas beaucoup de recul sur ma pratique littéraire, j’avais du mal à distinguer clairement sa singularité. Du coup, je n’irais pas jusqu’à dire que les chroniques m’ont donné de nouvelles pistes à explorer, mais plutôt, qu’elles m’ont permis de réaliser la portée de certains aspects de mon écriture. Ce qui est très précieux. Elles m’ont donné envie de pousser encore plus loin dans certaines directions. Une belle chronique agit toujours sur mon cœur comme une cuillerée de potion magique, après, j’ai envie de tout donner, de donner le meilleur, d’apprendre à faire mes meilleures friandises pour les distribuer à tout le monde.
– Dis-moi que tu écris un nouveau roman ?
Je te le dis : j’écris un nouveau roman !
Pour l’instant, il ressemble encore à une petite plante en pot que j’arrose précautionneusement chaque jour. Je taille une feuille par-ci par-là. Et il pousse, et il insiste, il est aussi tenace que le lierre. D’un jour à l’autre, il grandit de 10 cm, dans quelques mois, il aura envahi tout mon appart. Il est mon jardin secret. Je le nourris au jus vert de Marie de France et à l’engrais des frères Grimm. Jusqu’au jour où il sera prêt à sortir de sa serre pour aller vivre au grand air.
– En un mot VLEEL pour toi c’est …
Du bonheur !
A VOIR ou A REVOIR le replay de la rencontre avec Lucie Baratte le 25 avril 2020
A LIRE le compte-rendu de la rencontre du 25 avril 2020

