Le salon Mi-livre Mi-raisin avait mis sur notre route en décembre Philippe Hauer dans un échange déjà singulier entre deux dégustations de vin. Il ne restait plus qu’à l’équipe VLEEL de l’inviter pour une rencontre littéraire en ligne afin de mettre en lumière cette maison d’édition indépendante aux propositions originales et souvent novatrices.
J’ai crée une maison d’édition par fainéantise », le ton était donné d’emblée. Créée en 2014 à Aix en Provence, Vanloo (qui porte le nom d’un peintre né à Nice, eh oui ça ne s’invente pas) a vu le jour parce que Philippe Hauer a ressenti l’envie de découvrir par lui-même d’autres textes, de jeunes auteurs et parce que la rengaine « les jeunes ne lisent plus », « les jeunes n’écrivent plus », l’ennuyait et qu’il n’y croyait pas.
Il mettra alors environ trois ou quatre ans pour découvrir peu à peu les auteurs qui constituent aujourd’hui la base de son catalogue, au gré des rencontres il nourrit son réseau et la maison se construit autour de deux collections principales : « One Shot » pour les formats courts et « V2O » pour les textes plus longs, proposant tout à la fois du roman, de la poésie, du théâtre et des formes hybrides.
La collection One Shot
C’est la première collection Vanloo qui fut d’abord des petits agrafés, pensée comme de la littérature de contrebande qu’on peut glisser dans la veste ou le pantalon et lire partout. Un petit format pour des poètes contemporains qui ont une vraie acuité de la langue. Cette collection en 2017-2018 a été le déclencheur de rencontres et notamment d’auteurs qui avaient envie et besoin de ce type de format singulier. Une collection surprenante que propose Philippe de recevoir dans nos boites aux lettres sous forme d’abonnement, comme le faisaient auparavant les revues poétiques.
La collection V2O
Cette collection est née d’un contact avec Arno Calleja qui souhaitait proposer un titre « One Shot ». Finalement son texte s’est avéré plus long que prévu et la collection V2O a vu le jour pour pouvoir publier Un titre simple en septembre 2019. Arno Calleja devenu aujourd’hui un des auteurs phares de la maison, celui dont “chaque phrase est un monde en soi” selon Philippe Hauer.
Littérature expérimentale ?
Philippe Hauer se méfie de cette expression, désignant davantage une littérature d’une époque passée. Il aime les textes qui relisent les formes littéraires, les genres, comme Arno Calleja dans La rivière draguée qui fait une relecture de la tragédie.
Il préfère parler pour ses textes d’une littérature de recherche, s’intéressant surtout à l’aventure de la langue. Ses romans bien sûr racontent quelque chose mais de manière incarnée par les mots. « C’est l’histoire qui suit la langue et pas la langue qui suit l’histoire ».
Ce qu’il souhaite avant tout en tant qu’éditeur c’est donner à l’auteur la liberté de ce qu’il veut écrire, à lui en tant qu’éditeur de suivre. La limite de ses choix n’étant que sa propre compréhension du projet, de l’intention ou du texte.
Parmi les titres et les auteurs à découvrir pour une littérature qui sort des sentiers battus voici ceux qu’il nous a suggérés pendant cette rencontre en ligne :
Home cinéma de Didier Da Silva (publié le 15 mars) entre machine à remonter le temps et cinéma.
Grotte d’Amélie Lucas-Gary, une autrice à l’écriture pure et singulière qui lui donne une liberté totale et permet de côtoyer le gardien de la vraie grotte de Lascaux.
Out of the blue d’Elodie Issartel, une histoire de désirs fous et de frustrations systématiques dans une écriture qui file et va vite comme la vie.
En mai prochain, Tutu de Jean-Daniel Botta (également musicien), de la poésie « pure et dure » selon Philippe, une épopée de trente chants à découvrir dans la collection V2O.
A la rentrée de septembre enfin, on pourra découvrir La transparence d’Adrien Lafille auteur également de Milieu déjà aux éditions Vanloo.
A voir: le replay de la rencontre en ligne sur YouTube

