Vleel nous permet d’entendre très souvent des discours inédits, des visions de l’édition singulière. Cela a été encore une fois le cas dans cette rencontre littéraire avec Rodney Saint Éloi, éditeur et fondateur de la maison Mémoire d’encrier, et Sophie Barthélémy, responsable relations libraires au sein de la maison. Ils étaient accompagnés de cinq auteurs de leur maison, représentant tous les genres édités.
La maison
Après vingt ans d’existence, la maison basée à Montréal met à l’honneur l’imaginaire de la dépossession et de la décolonisation. L’objectif des éditions Mémoire d’encrier est d’éviter l’invisibilisation et de casser le regard binaire sur la littérature. Elle entend porter des voix silencieuses aux cotés des grands noms de la littérature. Pas moins de trente-trois langues nourrissent le catalogue. Rodney Saint Éloi mène un travail humain et politique. Il crée un espace où l’amitié, l’amour et la littérature abattent les frontières.
La poésie
Marc Alexandre Oho Bambe, auteur de « La vie poème », raconte son lien d’amitié profond avec Rodney Saint Éloi et le compagnonnage poétique qu’ils créent depuis de nombreuses années.
Lorie Jean-Louis, autrice de « La femme sans couleur » paru en 2020 et dont le prochain recueil sort en 2024 évoque l’intérêt qu’elle porte aux gens qui effectuent des travaux difficiles, la tentative de redonner une dignité à ceux qui s’en trouvent souvent privés par les discours publics.
Littérature autochtone
Mémoire d’encrier donne une place importante aux voix autochtones. Carole Labarre, autrice de “l’Or des Mélèze” est venue nous parler de son parcours d’écriture et du combat qu’elle a dû mener pour se sentir légitime d’écrire. Celle qui a pendant longtemps peiné à se sentir écrivain alors qu’elle écrit quotidiennement, réussit par des rencontres et des ateliers d’écriture à enfin oser proposer son texte.
La maison publie également des essais et ce soir-là nous avons pu entendre Melikah Abdelmoumen au sujet de son livre « Baldwin, Styron et moi ». Sa rencontre avec Baldwin en 2015, alors qu’elle traverse une période de grandes difficultés personnelles, est un déclencheur. Elle découvre l’histoire d’amitié qu’il entretient avec Styron, un descendant de propriétaire d’esclaves et écrit un texte qui deviendra une pièce de théâtre à ce sujet. Rodney lui demande alors d’en faire un livre. Elle répond à sa demande en y incluant ses propres réflexions sur l’identité. Le livre a eu une très bonne réception et sera prochainement traduit en anglais.
Rentrée littéraire
Les éditions Mémoire d’encrier proposent leur troisième rentrée littéraire cette année avec deux romans. Nous avons pu entendre Philippe Yong dont le premier roman, Hors sol, interroge l’identité dans un paysage de serres de culture intensive à Montréal.
Le second roman publié sera « Le violon d’Adrien » de Gary Vikor. Il raconte, dans une ambiance vaudou, l’histoire d’un enfant qui pour devenir violoniste doit trahir ses valeurs et ses amis.
La rencontre s’est conclue par la revendication de Rodney de bousculer la médiocrité, ne pas accepter l’inacceptable. Une rencontre littéraire qui a porté haut les valeurs de pluralité et de diversité de Vleel.
A VOIR: le replay de la rencontre avec les éditions Mémoire d’encrier
A LIRE EGALEMENT: des extraits de retours de lecture de textes publiés aux éditions Mémoire d’encrier