La dernière maison avant les bois (Sonatine) est un phénomène. Roman surprenant construit comme une série, Catriona Ward, son autrice, est au moins aussi mystérieuse. Une très belle rencontre littéraire traduite par Robin Bouder.
Une autrice habitée
Catriona Ward a beaucoup voyagé dans son enfance. « Quand on est isolé du monde, écrire peut aider à gérer la solitude. » A treize ans, elle ressent le besoin d’exorciser cette terreur qu’elle ressent. « Chaque nuit, je me réveillais avec une main qui me poussait dans le dos, je sentais une présence invisible ». En grandissant, la peur rend honteux : « Il me fallait contenir les monstres. »
L’horreur comme point de départ
D’abord, reprendre la tradition gothique : Le Projet Blair Witch, Dracula, Wuthering Heights…Puis comprendre les monstres. « Le coeur du livre, c’est la compassion. Dans tous les romans d’horreur, on est terrifié parce qu’on ressent de l’empathie ».
« J’avais envie de plonger le lecteur dans la tête des personnages, là où il ne se sent plus en sécurité. »
L’incarnation
A travers un habile jeu de perception, l’auteure nous emporte dans les voix de trois personnages qui s’entremêlent, créant des narrations différentes.
« Il a fallu que je découvre des façons d’écrire inexprimables, que je trouve les liens, car tout découle des relations entre eux. Pour me mettre dans leur peau, il me fallait prendre des états d’esprit différents. »
L’une des voix est celle d’un chat: « un personnage innocent et naïf qui ignore la noirceur. Et la relation humain/animal est très particulière. » D’ailleurs, c’est le personnage dont elle se sent le plus proche.
Le vrai sujet
L’attachement aux personnages sombres. « On est obligé de mettre de soi dans son livre. Ecrire sur ce qui nous terrifie. Mais on ne peut pas juger en tant qu’écrivain. Quoiqu’on pense de ces troubles, ils viennent d’un traumatisme violent. On fait de ces gens là des méchants, je voulais les mettre au centre de ce qu’ils expriment. Mon meilleur guide ce sont les gens que j’ai rencontrés.»
Catriona, la magicienne aux yeux de chat, a encore frappé.
Par @jenck.franer
A VOIR: le replay de la rencontre littéraire avec Catriona Ward
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