Embarquement immédiat dans cette rencontre littéraire destination Sofia grâce au festival Un week-end à l’Est créé par Brigitte Bouchard et Vera Michalski.
L’idée du festival est née de l’envie de Brigitte de faire vivre la librairie polonaise, “cœur battant de l’Est” à Paris. Avec Vera et la directrice de la librairie, elles ont commencé à réfléchir à un festival pluridisciplinaire englobant la littérature mais également la musique, les arts visuels, le théâtre, etc…
«Un week-end à l’Est» est un festival indépendant qui met à l’honneur des cultures peu connues. Les créatrices du festival cherchent à donner un panorama le plus complet possible d’une ville d’Europe centrale ou orientale. Le cinéaste d’animation Théodore Usher sera le parrain de d’édition 2021.
Puisque la Bulgarie est à l’honneur, comment nos invités définissent-ils la spécificité de sa culture et de sa littérature ? Pour Kapka Kassabova (publiée chez Marchialy) , les racines de la littérature bulgare viennent du poème et du récit pastoral et d’un lien fort et intime avec la nature, le sol. Guéorgi Gospodinov (publié chez Gallimard) précise qu’il s’appuie sur une riche tradition orale mais également sur un mélange mythe et légende, sur la faculté d’ironie et d’autodérision. Enfin, Théodore trouve qu’il y a quelque chose de secret, de mystique dans la manière qu’ont les bulgares de raconter les histoires.
Les œuvres de Kapka et Guéorgui (« L’écho du lac » et « Le pays du passé ») comportent des thématiques communes. La première d’entre elles est le passé et dans leurs deux livres se trouve la phrase suivante : « Le passé est un pays étranger ». Guéorgui explique que les communistes parlaient d’un avenir radieux alors que les populistes se tournent vers un passé radieux. Comment guérir de la pandémie du passé qui nous est tombée dessus depuis quelques années ? La nostalgie peut faire naître des monstres, il faut revenir sur le passé mais pour ensuite fermer la porte et ne plus y retourner. Il est dangereux de plonger des peuples entiers dans le passé. Kapka, quant à elle, ne peut écrire qu’à partir de la rencontre avec les vivants et non avec les morts. Nous vivons dans un monde de propagande. L’expérience donne une autre perspective, elle permet de se tourner vers l’avenir. La rencontre avec l’autre est essentielle pour Kapka.
Chez Guéorgui et Kapka, on peut également noter qu’une place importante est donnée à l’invisible, aux petites choses. « Le pays du passé » se déroule en 1985 et pour faire revenir cette époque, Guéorgui s’attache à reconstruire le quotidien à travers des éléments apparemment insignifiants. Kapka trouve qu’une profonde vérité existe dans les petites choses. L’Histoire peut être écrasante, les choses vues de près sont différentes. Ces petits gestes marquent aussi l’histoire des familles comme la couture qui se transmet de génération en génération dans celle de Kapka. Elle explique que, dans les Balkans, lorsque l’on émigre, on emporte la machine à coudre et les livres de poésie. Kapka est très attachée à son histoire familiale, au territoire dans lequel elle s’inscrit et ce sont les sources de ses deux livres.
Participer au festival « Un week-end à l’Est », écrire, réaliser des films sont des actes politiques, civiques importants pour nos trois invités. Leurs œuvres permettent de mieux comprendre le monde, de faire exister un récit plus complexe sur celui-ci et de faire connaître d’autres cultures. Une démarche citoyenne que nous ne pouvons que saluer.
A VOIR: le replay de la rencontre sur YouTube
A LIRE un retour de lecture sur le roman de Gueorgueï Gospodinov et un retour de lecture sur le roman de Kapka Kossabova





