par @serial_lecteur_nyctalope
Il est peut-être l’une des plus belles surprises de toutes nos rencontres, tant dans la lecture de ses romans que l’homme en lui-même. Romain Meynier est un artiste, un écrivain qu’on ne peut pas oublier.
Avec pudeur et réserve il entre dans l’arène qui demeure conquise après l’avoir lu. C’est Laurence Bourgeon au sein des éditions Cambourakis qui souhaitait relancer le domaine français de cette maison aux teintes étrangères. Sans elle lors du premier live avec Frédéric Cambourakis, nous serions surement passés à côté de cet auteur, c’eut été une immense perte. Après « Revoir Marceau » publié en 2017, il revient avec « L’Ile blanche ». Cinq ans aux Beaux-arts, forcément cela change un homme en un artiste. Après avoir participé à un atelier d’écriture de deux jours, sur la description d’un lieu, il commence à écrire des nouvelles. Son premier roman « Quatorze heures du matin » qui ne fut pas publié, n’était pas selon lui un bon opus. C’est par le blog qu’il se libère notamment pour ensuite se lancer dans l’écriture. Avec un narrateur qui ne fait jamais ce qu’il faut, avec une vision toujours à côté, Romain Meynier part d’un tout petit élément perturbateur pour en faire quelque chose d’explosif. Aficianodo de l’univers de Tintin, mais également de Jean-Philippe Toussaint, Eric Chevillard, Romain excelle tant sur le style que la forme.
Dans l’ile blanche, au cœur d’une ile italienne, un couple est prêt à se marier. Lui, déguisé en Batman, elle dans sa robe préoccupée. Il jette son mégot dans les buissons, l’ile s’embrase et tout démarre avec cette dispute préalable. Ses personnages ne font pas grand-chose, pour lui dans ce roman « c’est Hollywood » les péripéties se succèdent avec délice. En regardant les personnages de Romain Meynier, on ne peut pas s’empêcher de penser à sa voix. Après avoir modifié trois fois de point vue narratif, il fallait conserver cette première personne du singulier pour ne pas perdre toute l’essence de l’absurde. Ce dernier est une version « pire et mieux de moi-même ».
Quand il prend la parole pour lire un extrait de l’Ile blanche, tout le monde comprend qui est Romain Meynier, il incarne son narrateur à la perfection, enchaînant l’accent italien et consonances en rythme dont il a le secret. Romain avait envie de situations ubuesques, de complications linguistiques et de chutes. Sans prénom, ce narrateur s’apparente évidemment à Romain avec exagération mais il est difficile de ne pas y voir un calque entre deux. Les narrateurs errent dans l’espace et le temps. Laurence Bourgeon qui nous avait fait découvrir Romain continue de vous donner envie une fois de plus pour céder à la plume de ce dernier.
Evidemment je vous conseillerai l’interview fin de phrase en fin de replay disponible sur YouTube car elle vaut son pesant d’or. Oui ce livre est bleu tout en étant à point.
A LIRE : deux chroniques, ici et ici.