Le 14 septembre 2021, VLEEL a reçu Mariana Enriquez, autrice de « Notre Part de Nuit », en compagnie de son interprète Manuela Corigliano, et de la traductrice Anne Plantagenêt.
Adrien Bosc, le fondateur des éditeurs du Sous-Sol, était également présent : la maison, spécialisée dans la non-fiction et la littérature étrangère de recherche, fête cette année ses 10 ans, et la sortie de ce livre en est un beau symbole.
C’est Claire Do Sêrro, ancienne éditrice de la maison, qui a découvert l’autrice argentine avec son recueil de nouvelles « Ce que nous avons perdu dans le feu », qui a été le premier livre de Mariana Enriquez publié par les éditions du Sous-Sol, déjà traduit par Anne Plantagenêt.
En effet, après avoir écrit deux romans dans les années 90 puis s’être lassée de ce format, Mariana Enriquez s’est orientée vers le recueil de nouvelles, pour finalement revenir au roman avec « Notre Part de Nuit », une expérience qu’elle trouve plus intense et obsessionnelle.
Pour Anne Plantagenêt, les livres de Mariana Enriquez sont des objets littéraires non identifiés, avec une atmosphère particulière, noire mais merveilleuse, et un côté « macabre magique ».
Il est difficile de traduire la singularité de l’autrice, mais c’est aussi un défi excitant ! Mariana Enriquez adore la musique, notamment le rock : Anne Plantagenêt est également musicienne, et s’attache à rendre le rythme, le chant des mots de ses textes. L’autrice argentine, qui lit le français, loue d’ailleurs la précision de sa traductrice française, sans doute parce qu’elle est aussi écrivaine.
Le fil conducteur de « Notre Part de Nuit » est l’héritage, la transmission père-fils, la filiation. Le roman est une œuvre d’imagination, il n’est pas autobiographique, dans le sens où Mariana Enriquez n’a pas conscience de raconter quelque chose de personnel. L’autrice s’amuse en écrivant, ce qui la fait souffrir doit être dépassé pour être écrit. La souffrance ne provient pas de l’écriture mais plutôt du travail “technique” sur le manuscrit, par exemple assurer la cohérence d’un très long texte.
L’un des personnages du roman, Adela, était déjà dans une nouvelle de “Ce que nous avons perdu dans le feu”. Comme l’un des sujets de “Notre Part de Nuit” est la propriété, Mariana Enriquez avait besoin pour son texte d’une demeure avec des caractéristiques particulières : elle a alors réalisé que cette maison existait déjà dans une de ses nouvelles, et a rapatrié cette maison, mais aussi Adela, qui y était liée, dans le roman.
L’autrice a nourri ce texte de sa fascination pour l’occultisme, la magie, les tarots, les cultes païens. Sa grand-mère est originaire de la province de Corrientes, et elle avait envie de parler dans son roman des mythes populaires, qui ont été longtemps absents de la littérature argentine, peut-être parce qu’elle était l’affaire des classes les plus favorisées.
Découvrez sans tarder ce roman à la magnifique couverture (héritée de l’édition espagnole, un détail de « L’Ange Déchu » d’Alexandre Cabanel, accroché au Musée Fabre de Montpellier), sombre et attirante, à l’image du livre !
A VOIR: le replay de la rencontre est disponible sur la chaîne YouTube
A LIRE: deux chroniques sur Notre part de nuit, ici et ici