par @hanyrhauz
Tout plaquer pour être maître de son temps. C’est ce qu’Alain Mascaro a fait.
La fenêtre ne suffisant pas à être libre, il est parti, pour écrire. Ce qu’il n’avait pas prévu, c’est qu’une pandémie serait du voyage, le confinant en Thaïlande. La vision des dauphins roses au petit matin sera le déclic salutaire. Et quelques mois après, son premier roman est une des belles surprises de la rentrée, déjà couronné du prix Première Plume.
Le voyage est au cœur d’Avant que le monde ne se ferme paru aux éditions Autrement. Anton, le personnage principal est tzigane, dresseur de chevaux, il traverse le XXe siècle au fil des pages de ce roman à la construction toute en ellipses. Anton est un personnage double, profondément libre et pourtant englué dans le fatalisme de son clan. Il est tissé comme le manteau d’Arlequin, d’autres personnages, de sensations, de souvenirs. Les tziganes sur les routes du sud de la France, les chevaux guettés à travers une fenêtre, les images de la Piste aux étoiles.
Pour Alexandre Civico, son éditeur, Alain Mascaro est un auteur qui tombe du ciel. Et il le sait très vite, ce sera le roman français qu’il cherchait pour sa première rentrée littéraire aux éditions Autrement. Le travail éditorial s’est mis en place simplement, malgré les milliers de kilomètres qui séparent les deux hommes.
Avant que le monde ne se ferme, au début de l’aventure, s’appelle Le galop du centaure et c’est une partie d’un manuscrit de plus de 750 pages. Un extrait que l’auteur va retravailler, augmentant de quelques pages certains chapitres, développant un peu plus certains personnages pour ne pas les voir disparaître. Le voyage a ouvert des horizons et le temps a donné plus de densité et d’homogénéité au texte. Le lyrisme s’est atténué aussi. Il n’en reste pas moins que ce livre est d’une grande poésie, jouant avec la langue tzigane. “La plus grande marque d’humanité, c’est le langage et a fortiori, la poésie.”
Si la lecture de Si c’est un homme de Primo Levi constitue un point de départ pour l’écriture de ce roman (notamment la nombreuse documentation utilisée à l’époque pour préparer son cours pour sa classe de terminale littéraire), les auteurs qui l’accompagnent sont Romain Gary (et cette envie de jouer avec les identités) et surtout Homère, l’Odyssée étant la matrice. Toutes les histoires du monde s’y trouvent et en lisant Avant que le monde ne se ferme on y décèle tout un intertexte homérique. Le voyage et l’errance seront encore une fois au cœur du prochain roman d’Alain Mascaro.
Ce soir-là, rien ne nous dit que nous n’étions pas en présence d’Ulysse aux mille ruses…
A VOIR: le replay de la rencontre sur YouTube
A LIRE: deux chroniques sur le roman d’Alain Mascaro, ici et ici