Par @hanyrhauz et @sandra_etcaetera
La maison d’édition Viviane Hamy a été fondée en 1990 par Viviane Hamy, une éditrice à la recherche de singularité en littérature et qui est encore présente au côté de Lise Chasteloux qui nous fait le bonheur de sa présence en VLEEL.
Pour pérenniser leur indépendance dans leur choix éditoriaux et prendre soin du catalogue, un partenariat s’est noué avec Flammarion. Ce qui leur permet de publier encore aujourd’hui dix à douze titres par an de littérature française et étrangère.
“Ne rien s’interdire”, c’est la ligne éditoriale de la maison. Ils sont à la recherche de “textes toujours sur la brèche”, à la limite des genres, pour mettre le lecteur en danger. C’est aussi fidéliser les auteurs, comme Céline Lapertot qui publie son cinquième roman, et dénicher de nouveaux talents (deux primo-romancières seront publiées en 2022).
Lise Chasteloux nous annonce d’ores et déjà la prochaine sortie de la maison, le 14 octobre:
L’âme au diable de Yoram Leker, un roman qui s’appuie sur un fait réel de l’Histoire, l’affaire Kasztner (celui qui sauva des centaines de juifs de la déportation mais qui fut condamné plus tard pour l’avoir fait) sur un ton humoristique et en traversant plusieurs générations d’une même famille.
Après quelques mots sur cette maison d’édition reconnaissable à ses couvertures rouges, il était temps de mettre en lumière les deux auteurs invités et dont les ouvrages viennent tout juste de paraître.
Ce qu’il nous faut de remords et d’espérance, Céline LAPERTOT
Quand on parle d’un sujet aussi sensible que la peine de mort, et de manière aussi intime, forcément on pose un peu de soi sur le papier. Et Céline Lapertot nous le confirme très vite- sans s’apitoyer sur son sort- elle a été victime de violences au sein du cercle familial et avait besoin d’écrire un roman pour se libérer de ses interrogations et de son débat intérieur sur la peine capitale. Au-delà de l’exercice de résilience réel pour elle pour panser les traumatismes de son enfance, elle a cherché dans son roman à sortir du manichéisme habituel sur le sujet et cesser de se positionner pour ou contre. Donc ne comptez pas sur son roman pour en sortir avec un avis tranché ! Au contraire, Céline Lapertot, lasse des points de vue catégoriques, s’est attachée à l’observation intime de tous les aspects de la question, démontrant notamment à travers un de ses personnages que ceux qui défendent la peine de mort ne sont pas forcément des monstres.
Dans son roman, deux frères que tout oppose se retrouvent dans une situation tragique. Mus par une haine viscérale l’un envers l’autre c’est une tragédie familiale qui se joue entre eux mais aussi tendant vers l’universel car concernant tout une société.
Céline Lapertot qui a grandi dans un milieu très pauvre et sans aucun livre, a très jeune trouvé refuge au CDI de son collège pour se libérer du trop plein de violence du foyer familial. Très tôt elle s’est passionnée pour la tragédie classique, découvrant bien plus tard à la fac les romans d’Italo Calvino.
Ce qui explique la coloration souvent antique et tragique de ses romans car ancrée depuis l’enfance en elle.
Nord Bonheur, Arpad KUN
Nord Bonheur est une invitation au voyage que nous offre Arpàd Kun. Un voyage mythologique et initiatique entre le Bénin et la Norvège, à l’image de sa couverture qui allie le Nord et le Sud, mythes ancestraux et vaudou, une porte entre patrimoine mondial et modernité.
“Aimé Billion raconte”, c’est le titre hongrois et le sous-titre en français. C’est tout le sujet du livre, cet homme, qui conte et raconte, une sorte d’épopée. Cet homme qui va se trouver lui-même en allant vers l’inconnu, qui cherche à s’ancrer quelque part, à trouver ses racines. Il y a une certaine sérénité chez ce personnage. L’auteur nous confie qu’en Europe de l’Est, le bonheur est un sujet qui n’existe pas et c’est pourquoi il considère qu’il est plus précieux d’être serein que d’être heureux.
C’est le premier roman d’Arpàd Kun, qui est plus familier des nouvelles et surtout de la poésie. Il se définit d’ailleurs volontiers comme poète. L’écriture est arrivée dès l’adolescence, pas forcément comme une catharsis, il ne pense pas au lecteur en écrivant, mais il considère cela comme un véritable travail, d’autant plus quand il s’agit de roman. C’est presque de l’ordre de la corvée, mais avec cette certitude qu’il y a toujours quelque chose à écrire. Ce tropisme pour la poésie se traduit par un réalisme magique à la Gabriel Garcia Marquez au fil des pages. Son deuxième roman, plus autobiographique, a paru en Hongrie en 2016 et le troisième opus de cette trilogie est en cours d’écriture.
A VOIR: le replay de la rencontre est en ligne sur la chaîne YouTube
A LIRE: deux chroniques sur les romans de Céline Lapertot et Arpad Kun