Par @manonlit_et_vadrouilleaussi
Une maison d’édition qui m’était totalement inconnue jusqu’à la rencontre de cet été avec Laurence Gudin, la responsable d’édition depuis 2011. Nous voilà donc embarqués direction la Suisse à quelques kilomètres du Lac Léman pour découvrir cette maison légendaire.
Un petit peu d’Histoire
Fondée en 1927 par Hermann Hauser, La Baconnière, qui porte le nom de la tour du château de Pierre de Boudry aux abords du lac de Neuchâtel, publie durant les premières années, majoritairement des récits sur la vie locale et des essais. Le premier livre paru Mittelholzer est consacré au grand aviateur suisse.
Puis pendant la deuxième guerre mondiale, la maison change de direction. En effet, comme nous le raconte Laurence Gudin, durant cette période les auteurs français ne pouvaient plus publier dans le pays. Mais comme rien n’arrête la littérature, ce sont les éditeurs suisses qui ont pris le relais ! Comme vous pouvez vous l’imaginez le passage des manuscrits entre la France à la Suisse n’était pas chose aisée. La parade a été trouvée grâce à une ferme présente à la fois sur le territoire Suisse et Français. Les manuscrits rentraient par la porte française et ressortaient par la porte suisse. Vous imaginez les conditions pour les corrections par la suite ? A cette époque c’est une quarantaine de publications par an et la création en 1941 de la collection « Les cahiers du Rhône », une collection qui s’inscrit contre les idées qui triomphent dans l’Europe en guerre. Aragon y publiera « Les Yeux d’Elsa » et Paul Eluard « Liberté ».
En 1980, à la mort d’Hermann Hauser, sa fille lui succède mais les nombreux déboires financiers entraîneront le rachat de la maison à la fin des années 90.
La Baconnière aujourd’hui
En 2011, quand Laurence Gudin reprend la direction de la maison, elle est en dormance depuis une vingtaine d’années. Et comme nous l’explique la directrice, une maison en dormance est une maison qui n’existe plus. Le travail de réactivation est long et compliqué d’autant plus quand les droits ont été peu à peu pillés…
En 2013, les publications reprennent en conservant certaines collections d’origines comme la collection « Langages » rebaptisée la « Nouvelle collection Langages », dirigée par Daniel Sangsue, spécialiste de la pneumatologie littéraire (littérature sur les fantômes dans tous les récits du XVIIIe et XIXe). Nous pouvons citer dans cette collection, les titres « Ces poètes qu’on appelle maudits » de Jean-Luc Steinmetz ou Feuilleton d’Eric Chevillard. D’autres collections viendront compléter le catalogue comme « 80 mondes », 80 livres pour faire le tour du monde et « Ibolya virag » qui propose de découvrir les chefs-d’œuvre de la littérature de l’Europe centrale.
La Baconnière en 2013, c’est 1700 titres à revaloriser. Une partie a été numérisée mais il s’agit d’un travail long et fastidieux. De plus, comme nous l’explique Laurence Gudin, il faut d’abord reconstituer l’ensemble des stocks de la maison car il n’y a pas forcément d’exemplaire disponible pour chaque titre. Un travail de collaboration est alors mis en place avec les bibliothèques notamment qui rappelle la responsable quand un titre réapparaît lors de dons.
L’objet livre
Le graphisme est réalisé par son compagnon Marco Saccaperni qui est également à l’origine du nouveau logo de la maison, un poisson, clin d’œil à la tour de Boudry et au quartier des eaux-vives, nouveau lieu de villégiature des éditions.
Autre point, si vous tenez un livre entre vos mains, vous constaterez que le nom de la maison n’apparaît pas sur la couverture mais derrière. Laurence Gudin nous explique qu’elle souhaite laisser la place aux auteurs avant tout, car une maison d’édition est constituée d’une pluralité d’auteurs, de textes géniaux , d’identité permettant de réaliser des livres différents.
Les dernières parutions : Inflorescence de Raluca Antonescu, Une chose menant à une autre de Joy Setton, la fin du régime de Vichy de Walter Stucki, Vert et florissant de Pavel Vilikovsky.
A VOIR: le replay de la rencontre sur YouTube
A LIRE: deux chroniques sur des ouvrages publiés chez La Baconnière, ici et ici