Par @jiemde
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Il paraît que ça n’est pas facile d’avoir 20 ans en 2021… Mais qu’il est bon d’avoir 30 ans en revanche !
Quelques mois avant le lancement des festivités, l’occasion était belle de recevoir en Vleel et en avant-première, Nathalie Zberro, Directrice générale adjointe des Éditions de l’Olivier, pour nous parler de la maison à l’arbre trentenaire, et de ses actualités.
Partir, revenir : on n’est pas chez Lelouch mais ça y ressemble, tant le retour de l’éditrice prodigue dans sa maison l’an passé pour y retrouver Olivier Cohen, le fondateur, semblait naturel. Quasi écrit. Munie d’un DESS d’édition et aguerrie par plusieurs stages ici-et-là, elle débarque un beau jour à l’Olivier et se rapproche patiemment des branches hautes : Secrétaire d’édition, puis Assistante d’édition avant de devenir éditrice à son tour. Pas de cooptation, ni d’entre-soi. Pas le genre de la maison, ni de l’impétrante. Une escapade de quelques années chez Rivages, et la revoilà depuis le début de 2020 de retour à la maison•••
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L’Olivier, c’est un peu la Clio de l’édition ; souvenez-vous : « Elle a tout d’une grande ! ». Rapidement intégrée au Seuil après sa création en 1991, elle conserve l’indépendance et l’agilité d’une petite structure de 8 personnes. « Il y a un esprit à l’Olivier » aime à rappeler Nathalie Zberro, « Olivier Cohen dit toujours que nous sommes une petite maison qui pense comme une grande ! ». Et qui s’investit partout pour porter collectivement, en équipe, les 30 à 40 livres édités chaque année. Avec une volonté de ne jamais céder à la facilité.
« Il y a des éditeurs qui collent aux attentes du public. C’est bien. Mais mon métier, c’est aussi d’éditer des livres que les gens n’ont pas initialement envie de lire, et ensuite d’aller chercher les lecteurs. Sinon à quoi servirions-nous ? » interroge l’éditrice, prenant pour exemple le succès rencontré en son temps par « Le Quai de Ouistreham » de Florence Aubenas, que personne n’attendait sur ce thème•••
Des succès littéraires qui à l’image du Goncourt « joyeux » de Jean-Paul Dubois en 2019 sont des parenthèses bienvenues, dans un métier où il est important de « s’habituer à perdre souvent, de s’habituer à l’échec. C’est comme ça que l’on construit les succès, avec vaillance, patience et endurance, presque comme pour un sport de combat ».
Alors depuis son retour en plein contexte Covid, Nathalie Zberro est sur le ring pour défendre ses sorties d’automne – Une bête aux aguets de Florence Seyvos, « texte court mais parfait, où l’on ne peut retirer un seul mot » ; Walker, de Robin Robertson, « roman en prose ou en vers libres à la forme magnifique, dédié à la légende de l’Amérique » ; Flahaut, Franzen, Appelfeld et bien d’autres – mais aussi de ce début 2021 : Aimée Bender, Gérard Guégan, Anne Urbain ou Bernard Vorms. Et quelques rééditions « collector » en guise de cadeaux d’anniversaire, rompant volontairement avec la charte habituelle de l’Olivier.
Il n’en faut pas plus à Nathalie Zberro pour évoquer, sans nostalgie mais avec passion, les grands auteurs qui ont « fait » la maison. « Olivier s’est entouré de personnes avec qui il avait des affinités, car l’édition est une histoire d’affinités et de fidélité. Nos auteurs en témoignent ». Début de la séquence émotion avec l’évocation de la Dream Team étrangère de l’Olivier – Raymond Carver, Cormac McCarthy, Roberto Bolaño, Richard Ford, Lauren
Groff, Jeffrey Eugenides, Sally Rooney – et de son homologue française – Jean-Paul Dubois, Agnès Desarthe, Valérie Donatti… Quelques regrets, pour cette « pessimiste combative, exigeante et jamais contente », comme en 2009 avec Les enfants de Las Vegas de Charles Bock, « qui avait pourtant tout pour faire un succès ». Et si elle lit en VO, elle se passionne pour le travail des traducteurs : « La qualité de nos traductions a beaucoup fait pour notre réputation ».
Le temps passe, la rencontre Vleel s’étire et pourrait ne pas finir…
On n’est toujours pas chez Lelouch, mais avec un tel enthousiasme et autant de projets, 2021 devrait être pour l’Olivier, La Bonne Année !
A VOIR: le replay de la rencontre sur YouTube
A LIRE: deux chroniques de romans publiés aux éditions de L’Olivier, ici et ici