Rencontre avec les Editions Elyzad

par | 09 septembre 2020 | 0 commentaires

Par @b.a.books 
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Je viens toujours en Vleel la fleur au fusil, avec la douce naïveté de la découverte. Mais c’était sans compter sur deux femmes exceptionnelles qui m’ont bouleversée lors de l’une des plus poignantes rencontres Vleel de 2020.

Emilienne Malfatto est photo-journaliste et journaliste. Depuis 2014, elle travaille au Moyen-Orient pour l’AFP et surtout en Irak. Un pays qui ne la quitte plus, ni dans son cœur ni dans ses tripes. L’Irak est “une terre de violence”, une “boule à facettes” : de multiples réalités très différentes qui en font un pays fascinant !
Elle a écrit son livre “Et que sur toi se lamente le Tigre” quasiment d’une traite, à peine quelques mois après une conversation avec un proche ami irakien qui lui disait que si sa petite sœur venait à tomber enceinte hors mariage, l’un des hommes de sa famille la tuerait… Nous sommes en ligne depuis 10 minutes et déjà mon cœur s’empoigne, meurtri d’une réalité que je refuse d’admettre.
Son roman raconte l’histoire de ce féminicide, auréolée de la présence du Tigre et de Gilgamesh, deux figures incontournables dans l’histoire de la Mésopotamie. (ndlr : lisez ce livre !)•••
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Selon son éditrice, ce qui fait la force du texte, c’est qu’Emilienne a réussi à retranscrire la culture irakienne, alors qu’elle est une étrangère. Elle restitue toute l’intimité et l’âme d’une famille.
Emilienne devant nous quitter, c’est son éditrice qui nous a lu deux extraits : je peux vous assurer que sécher discrètement ses larmes en direct demande un certain talent…
Nous avons ensuite écouté Elisabeth Daldoul présenter la maison d’édition, qu’elle a créé en 2005 à Tunis. Mon cœur allait pouvoir se calmer… mais c’était sans compter sur la réalité tunisienne qui, malgré une révolution qui a réduit la censure politique, n’a pas aboli une censure sociale encore très forte. Si le peuple n’est plus dans l’asphyxie, il est aujourd’hui encore “dans la survie”.
Elyzad publie essentiellement de la fiction car c’est “le domaine d’un imaginaire débridé, d’une grande libert锕••

Son idée est de faire circuler les écrits de la rive sud de la Méditerranée vers la rive nord, pour contrer cet état d’esprit d’une littérature coloniale : ces auteurs là aussi sont légitimes ! Le centre de la littérature francophone n’est plus Paris !
Nous avons aussi abordé les problématiques de diffusion, de circulation du livres, et de prix inadaptés aux réalités des pays “non occidentaux”. Un comble pour une maison qui cherche à raconter des histoires d’exils !
Je suis repartie de cette soirée le cœur serré mais riche de la force de ces deux femmes, avec l’envie furieuse d’en parler autour de moi, de lire ces auteurs, et de voir fleurir dans ma bibliothèque une belle étagère Elyzad avec toutes ces merveilleuses couvertures !
Un titre pour découvrir la ME​ : L’amas ardent, de Yamen Manai.
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Les titres de la rentrée littéraires 2020 : Cet amour, de Yasmine Khlat
Une baignoire dans le désert, Jadd Hilal titre d’Emilienne
Sept morts audacieux et un poète assis, de Saber Mansouri
En 2021 Karim Kattan vient de publier Le palais des deux collines•••

A VOIR: le replay de la rencontre est disponible sur la chaîne YouTube

A LIRE: deux chroniques sur des romans publiés aux éditions Elyzad, ici et ici


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