par @jiemde
Et si monter une maison d’édition était la dernière grande aventure du XXIe siècle ? Et si donner envie de le faire était un défi à la hauteur des ambitions d’étudiants avides d’entreprendre ?
C’est pour valider ces interrogations que David Vincent (par ailleurs créateur des éditions de L’Arbre vengeur @ed_arbrevengeur ) a embarqué ses étudiants de l’IUT de Bordeaux où il encadre les licences Pro édition, dans un projet pédagogique et innovant : faire de vrais travaux pratiques et plus seulement de la théorie, en créant une maison d’édition confiée chaque année pour un an à une promo de nouveaux étudiants.
« Je me suis dit qu’en un an, on devait pouvoir faire quelque chose ! » se rappelle David Vincent qui n’eut pas trop de mal à convaincre ses pairs enseignants. Quant au nom, il fut vite trouvé : « Il y a principalement des jeunes femmes dans cette formation, toutes en apprentissage donc L’Apprentie s’imposait ». Ajoutez une référence à Raymond Guérin, écrivain bordelais auteur d’un livre éponyme et l’affaire était faite !
En 2019, 1ère année de l’expérience avec une promo de 7 apprenties, sortit Xingu, une nouvelle de Edith Warthon. En 2020, forte de 15 apprenties, la maison se lança dans la réédition de grands classiques de la littérature policière : Crimes entremêlés, de Emma Orczy ; De Minuit à sept heures, de Maurice Leblanc ; Les Audacieuses de Robert-Louis Stevenson.
Et en 2021, avec 7 apprenties et 1 apprenti bien motivés pour déjouer la Covid et ses obstacles, L’Apprentie édite Mes Cahiers bleus, de Liane de Pougy et L’Homme qui pouvait accomplir des miracles de Herbert-George Wells.
C’est peu de dire que la vie de Diane de Pougy a touché nos apprenties : courtisane, auteure, danseuse, prostituée de luxe, mondaine, proche de Guitry ou Colette, muse d’artistes et inspiratrice de Proust, sans oublier la fin de sa vie où elle devint nonne. Une femme, amante et mère dont les cahiers sont sources de délicieuses inspirations.
Objectif différent pour HG Wells et sa couverture au graphisme particulièrement travaillé. Grand auteur de science-fiction, plus connu pour ses romans que pour ses nouvelles, les apprenties déploraient l’approximation des précédentes traductions et ont saisi l’opportunité de retraduire des textes un peu oubliés, en les recontextualisant au passage pour dépoussiérer leur côté un peu désuet.
Avec ces deux sorties « les étudiantes ont pu découvrir que ce métier était un grand plaisir mais aussi beaucoup, beaucoup de travail pour faire face à une succession d’embuches ! » souligne David Vincent, rappelant le parcours du combattant pour trouver du financement, se démarquer d’autres rééditions, travailler la distribution et la diffusion, relancer les libraires pour se faire une petite place au soleil de leurs tables. Ce que confirme Joalie , une de ces apprenties : « C’est du détail, du détail et encore du détail ! Mais au final, quand on reçoit le livre, c’est la frétillance ultime ! »
Et il se dit que quelques étudiantes de cette promo, une fois leur diplôme validé, s’apprêteront déjà à lancer leur propre maison d’édition. À suivre…
A VOIR: le replay de la rencontre est en ligne sur la chaîne Youtube
A LIRE: deux chroniques sur les dernières parutions des éditions de l’Apprentie, ici et ici