Par @sandra_etcaetera et @manonlit_et_vadrouilleaussi
Nous avons reçu il y a quelques semaines Laurine Roux et son éditrice Valérie Millet pour parler de son dernier roman, Le Sanctuaire. Il s’agit du deuxième ouvrage de l’auteure paru aux éditions du Sonneur.
Le Sanctuaire c’est un roman difficilement catégorisable, à la limite des genres, dont le point de départ fut les murs de la maison de l’auteure. Ces murs qu’elle voit à la fois comme source de protection, d’éloignement avec sa fille et coupant du monde extérieur. L’écriture de Laurine Roux étant intuitive, ce texte s’est imposé à elle et les personnages se sont dessinés petit à petit. Des personnages complexes animés par une opacité et une ambivalence, en corrélation avec son premier roman, Une immense sensation de calme, où l’on retrouve la présence d’une figure masculine forte et clivante.
Dans cette nouvelle parution, Laurine Roux nous entraîne dans un monde post-apocalyptique, au cœur de la forêt où une famille s’est réfugiée pour échapper à un virus transmis par les oiseaux. Roman sur l’amour familial et particulièrement sur l’amour paternel qui nous présente des figures masculines aussi bien source d’apprentissage que de violence. Ce qui frappe dans Le Sanctuaire c’est ce rapport à la nature et à l’animal. Une nature qui s’impose à Laurine Roux, elle, la petite fille des montagnes qui connaît la rusticité et l’exigence d’une nature forgeant les caractères. Elle nous confiera avoir grandi au milieu de la faune alpestre que l’on guette comme des signes du sauvage. Elle a même eu un corbeau domestique expliquant la présence des oiseaux dans le roman. Mais ces animaux sont aussi intéressants pour l’auteure car « ils survolent et charrient l’imaginaire ».
Cette professeure de lettres nous explique que non, sa profession ne la prédestinait pas forcément à l’écriture car « on met du temps à désapprendre la rigidité des études » et qu’au contraire elle était d’autant plus intimidée par ces grands auteurs classiques qu’elle enseigne.
Elle qualifie l’écriture comme quelque chose d’organique et de charnel. « Quand j’écris j’ai toujours une petite bougie allumée ».
Ses talents de conteuse et sa propension à l’onirisme sont influencés par la découverte de l’auteure Sylvie Germain lors de l’écriture de son premier roman. Une découverte qui engendrera une panne d’écriture de six mois, période durant laquelle Laurine Roux lit toute l’œuvre de l’auteure. Elle nous confie avoir un rapport aux lecteurs très doux et que la colère qui peut motiver l’écriture n’est pas faite pour « mordre » le lecteur. A la sortie d’une séance d’écriture, elle avoue être comme ivre. Tout comme elle nous confie que la lecture de La Route de McCarthy la “fend en deux” et provoque en elle une réaction tellement puissante qu’elle en est physique.
Lors de cette rencontre, nous assistons à cette forte relation avec son éditrice Valérie Millet. Un rapport de confiance, de respect et un travail de concert sur les mots lors de la relecture. Le travail éditorial a été très différent entre le premier et le deuxième roman. Valérie Millet nous confiant qu’elle a été bluffée par l’apprentissage du processus de narration.
« J’appartiens aux travailleurs du verbe », voilà comment se définit Laurine Roux et voilà qui en dit long sur son rapport aux mots donnant naissance à une écriture sensorielle et puissante, à découvrir dans Le Sanctuaire.
A VOIR : le replay de la rencontre sur la chaîne YouTube VLEEL.
A LIRE : deux chroniques, ici et ici.