Il était un nom sur des stickers, il en a fait une maison d’édition qui révèle l’objet livre comme rarement. Dominique Bordes créé en 2004 une revue littéraire pour mettre en lumière de jeunes auteurs.
« Je ne savais rien faire d’autre ». Pardon ?
Lecteur tardif, fasciné par l’objet livre, il fallait que le livre soit au cœur de son avenir. « Provoquer le désir chez les lecteurs ».
Pardon ? Sans jamais manier la langue de bois, Dominique Bordes enchante et séduit ses auditeurs. Acceptant l’égocentrisme propre à chaque éditeur, les livres sont devenus son horizon. Lucide sur la situation éditoriale en France pour une maison d’édition indépendante, « il a fait le boulot », son boucher confirme. Pardon ? Je n’invente rien je vous assure.
Son déclic ? Salinger ? Plutôt Stephen King et les anciennes publications de l’imaginaire Albin Michel. Dominique Bordes voulait créer une maison « qui interroge chaque lecteur, qui puisse faire réfléchir sur le confort et la beauté de fabrication d’un ouvrage ». Séparant le personnage Monsieur Toussaint Louverture de Dominique Bordes, l’éditeur doit exister pour porter ses textes. Selon lui, ce dernier doit être radioactif pour contaminer le lectorat. Avec une voix spécifique, en parlant beaucoup mais surtout en créant. Les critiques le touchent. Il ne souhaite pas se blinder, préférant l’émotion et la sensibilité. Le petit plus MTL ? Une newsletter originale, des bisous quand vous commandez sur leur site. Aller au-delà du simple livre.
« On peut publier de mauvais textes mais il demeure la relation avec le lecteur ».
Avec une communication « tonitruante », qui souhaite se montrer, comment penser à côté de cette maison ? Grâce au Lexomil (faux) MTL redevient positif après une période plus sombre.
« Quand un lecteur avant de lire, est déjà séduit, le pari est gagné, il faut déclencher le désir et faire monter la sauce ». Pardon ? Si sa « mère n’a aucun gout », Dominique Bordes est un facétieux mais aussi d’une immense tendresse.
Il suffit de visionner le replay que je redécouvre en écrivant ces mots, pour s’en convaincre. Perfectionniste comme personne, il ne supporte plus les livres passés. Son objectif demeure le prochain. « Il sera parfait celui-ci ». Dominique est bavard et on aime cela. « Si je ne faisais pas des livres, je ferais du tuning » Pardon ?
C’était ainsi pendant plus de deux heures, entre punchlines et humour corrosif, entre rêve et nostalgie. « Il est rare qu’un homme d’esprit ne soit pas aussi un homme de cœur », disait Alexandre Dumas. Je vous conseille ce moment extrêmement privilégié avec un éditeur si peu présent dans les médias. Immense honneur accordé à ces rencontres, il restera en mémoire pendant longtemps grâce à la rediffusion sur YouTube (chaîne VLEEL). Vous y découvrirez un homme attachant, ses craintes, ses peurs, ses envies, ses déceptions. Vous y découvrirez aussi un éditeur de talent, capable de dénicher des textes oubliés, capable de transcender le lecteur avec Ken Kesey. Faisant le pari de ne pas inscrire le nom de la maison d’édition sur ses couvertures ce qui est plutôt rare pour être souligné vous allez prendre une claque en e ou tant ses mots. Je m’arrête ici sur le bord du chemin, Dominique Bordes et (est) Monsieur Toussaint Louverture sont à découvrir pour ceux qui aiment s’aventurer dans le beau.
A LIRE : deux chroniques, ici et ici.