Rencontre avec Céline Leroy et Jacques Mailhos, traducteurs.

par | 17 juin 2020 | 0 commentaires

Par @jiemde 
Est-ce que traduire, c’est tromper ? Vous avez 2h30 !
Et pour nous aider à répondre à cette question – et à tant d’autres bien plus pertinentes -, il ne fallait pas moins que deux traducteurs reconnus face à 30 blogeurs passionnés à la mi-juin.

À ma gauche, Céline Leroy, traductrice depuis plus de 15 ans après d’autres incursions dans les métiers du livre, avec à son actif des auteurs tels que Rebecca Solnit, Peter Heller, Laura Kasischke, Leonard Michaels, Deborah Levy, Tolkien, Atticus Lish ou Dan Carpenter. Excusez du peu !

À ma droite, Jacques Mailhos, traducteur phare de l’écurie Gallmeister, capable d’œuvrer sur du Harlequin comme de produire une thèse sur Joyce, mais dont les traductions d’Edward Abbey, Benjamin Whitmer, James Crumley, Henri David Thoreau, Trevanian ou plus récemment, Jamey Bradbury ont forgé la renommée.

Deux traducteurs et une motivation commune. Celle de rencontres avec des textes et d’envie de les traduire pour les faire passer à d’autres. Textes d’auteurs morts parfois, mais heureusement aussi de contemporains, générant des rencontres, échanges et amitiés durables, avec Whitmer pour Jacques, Heller ou Kasischke pour Céline.

Traduire, c’est ingrat ? Pas vraiment. Il faut juste aimer l’ombre, savoir rester « under cover », pour un travail appelé à demeurer invisible. Mais un travail qui se doit d’être reconnu, a minima par une mention sur la couverture ou une citation dans une chronique (#traducteuralhonneur).

Traduire c’est une technique ? Une technique et des variantes : lire le texte original ou pas ; se documenter avant ou au fil de l’eau ; livrer un premier jet pour relecture ou un travail abouti en une fois… Peu importe, seul le résultat compte car la traduction est un exercice de loupe qui grossit les qualités mais révèle aussi les faiblesses des textes. Restituer une ambiance, de la poésie, des foisonnements lexicaux, des livres à effets nécessite technique et expérience•••

Traduire c’est écrire ? Une évidence pour nos deux traducteurs qui ne se sentent pas moins écrivains !

Et pour filer la métaphore musicale, une écriture guidée par une partition qui existe et qu’il faut suivre : un autre a déjà pensé l’intrigue, l’arc narratif et la construction des personnages. Reste à s’occuper du travail de la phrase, du détail, de l’organisation des mots, de la musicalité du texte•••

Traduire et retraduire ? Les raisons ne manquent pas : livres récemment tombés dans le domaine public (1984, Autant en emporte le vent…), traductions anciennes, nouvelle matière paratexte disponible… Chaque nouvelle traduction est une chance pour l’œuvre retraduite•••

Traduire et se sentir responsable ? C’est un poids réel, revenant sans cesse, dont on ne peut s’évader que par le souci du travail bien fait : se faire confiance et se focaliser sur le texte plus que sur ses angoisses.

A VOIR: le replay de la rencontre sur YouTube

A LIRE: une chronique sur un roman traduit par Céline Leroy, une autre sur un roman traduit par Jacques Mailhos