Rencontre avec Agata Tuszynska

par | 07 juin 2020 | 0 commentaires

Par @eva_tuvastabimerlesyeux 

Agata Tuszynska est une journaliste et autrice polonaise à l’œuvre conséquente, dont le dernier ouvrage « Affaires Personnelles » est publié aux éditions de l’Antilope.

Dans un français parfait, elle nous parle de ce livre qui raconte un épisode méconnu de l’histoire des Juifs en Pologne. En 1968, le régime communiste organise une campagne contre les Juifs qui résident encore dans ce pays, accusés d’être derrière les révoltes étudiantes qui secourent le pays. Près de 20 000 personnes vont quitter le pays, et avec eux, la présence juive en Pologne, déjà fortement éprouvée par la Shoah mais aussi par les pogroms qui auront lieu juste après la guerre (!), va quasiment s’éteindre•••

Cinquante ans après ce qui a été en quelque sorte le dernier pogrom de Pologne, même s’il a été non-violent, Agata Tuszynska a retrouvé certains de ces jeunes Juifs polonais, ou leurs descendants, qui ont tout quitté sur le quai d’une gare, emmenant avec eux quelques affaires personnelles dans une valise.
La plupart n’entretenaient que des liens lointains avec le judaïsme, que ce soit par conviction politique – se décrivant surtout comme Polonais et Communistes- ou parce que leurs parents voulaient cacher leur judéité, par peur de l’antisémitisme, ou parce qu’ils étaient issus de mariages mixtes.
Agata Tuszynska, elle-même, n’a découvert qu’à l’âge de dix-neuf ans que sa mère était juive et rescapée du ghetto de Varsovie. Son propre père, ouvertement antisémite, ignorait qu’il avait épousé une femme juive. L’autrice raconte d’ailleurs ce passé complexe dans un de ses précédents ouvrages, « Une histoire familiale de la peur ».
Les personnes interrogées, parties vivre en France, en Israël, dans les pays nordiques ou sur le continent américain, racontent eux aussi leur histoire familiale, leur rapport à la Pologne , ce qui les relie – ou pas – au judaïsme.
Au delà de la religion et de la Pologne, c’est un récit universel que nous livre Agata Tuszynska sur la mémoire, sur l’identité, et sur l’exil.

A VOIR: le replay de la rencontre sur YouTube

A LIRE: deux chroniques sur le roman, ici et ici