Par @hanyrhauz et @sandra_etcaetera
Quand Bruno Doucey ouvre le VLEEL en déclarant avec douceur: “Je suis un homme heureux ce soir”, on sait déjà que la rencontre sera belle. Comblé par la poésie des trois femmes présentes, il nous avoue voyager à travers leurs mots et leurs peintures pour son plus grand bonheur de poète et d’éditeur.
Murielle Szac et Nathalie Novi, Immenses sont leurs ailes
Murielle Szac et Nathalie Novi, c’est vingt ans de complicité qui se matérialisent dans ce recueil pas comme les autres. Des portraits d’enfants de Syrie, dessinés par Nathalie Novi depuis 2018, inspirés par des photos de reporters de guerre. Un portrait par jour, pendant vingt jours, mais qui finalement ne s’arrête pas.
Une démarche un peu naïve, pour soi, pour tous ceux qui sont démunis face à ce qui se passe là-bas, à cette guerre qui n’en finit pas.
Et puis les mots de Murielle Szac. Ceux de l’enfance, pour tous et qui permettent surtout un partage, une transmission. La poésie peut parler de tout, elle donne des clés pour appréhender le monde. Et comme les enfants ne vivent pas dans une bulle, ils ont besoin d’une prise sur ce qui les entoure. C’est l’ambition de ce livre.
Au cours de cette rencontre, un mot revient : l’empathie. Ressentir ce que l’autre ressent. Et cette volonté que les enfants d’ici s’emparent de ce sujet. Qu’ils puissent se rendre compte qu’ils ont la chance de déployer leurs grandes ailes. Sans rien dénoncer, juste souligner. Comme le fil rouge que le lecteur suit de portraits en portraits tout au long du recueil.
Sur la couverture, il y a le visage d’une petite fille, qui ressemble à Murielle Szac au même âge (c’est ce que nous confie Bruno Doucey). Une feuille de ginkgo masque sa bouche, qui pourtant ne demande qu’à dire. L’autrice et l’illustratrice sont là, justement, pour donner la parole à ceux qui ne l’ont pas.
“Les hirondelles se sont envolées avant nous”. “Immenses sont leurs ailes”.
Deux titres de recueils qui forment un vers, les mots d’Hala Mohammad étant un pendant essentiel. Ce vers est aussi une prédiction, les dessins de Nathalie Novi vont en effet voyager et être exposés (et il est important de dire qu’une partie des bénéfices sera reversée au profit de l’association de Raphaël Pitti, UOSSM France).
Pour que l’empathie nous inonde. Et qu’elle fasse le tour du monde.
Hélène Dorion, Mes forêts
Hélène Dorion ce soir-là était en direct du Québec entourée au propre comme au figuré de ses forêts, supports de son très beau recueil.
Avec sa douceur naturelle, elle nous explique que son désir de poésie est né au cours de ses études de philosophie, “de l’émerveillement du monde”, de son rapport à la matière et donc à la vie, faisant naître le désir d’entrer dans la chair, le corps et dans le questionnement du monde.
Elle voit dans la poésie et les éléments métaphoriques qu’elle convoque, des moyens d’interroger en profondeur notre rapport au monde.
Alors forcément ça demande beaucoup plus de temps que d’écrire un roman. Elle se nourrit de tout ce qui l’entoure, attentive aux secousses infimes pour être à l’écoute des bruits à l’autre bout du monde- un processus qui peut être long mais qui lorsqu’il aboutit permet le surgissement de certains vers, de la musicalité des mots, et la mise en place progressive d’une structure, d’un poème puis d’un recueil tout entier- celui-ci ayant trouvé sa forme en échangeant avec Bruno Doucey lui-même.
“Mes forêts sont mes espoirs debout”.
Même si d’apparence le recueil peut parfois paraître pessimiste, au contraire Hélène Dorion croit beaucoup en la force de l’espoir, faisant davantage appel à notre être poétique qu’à notre conscience écologique.
Ecrire sur la forêt c’est d’après Hélène Dorion écrire sur un espace de contraires- de réconfort et d’émerveillement, mais aussi de peurs et d’ombres. C’est ainsi prendre conscience de nos vies pour justement mieux cultiver l’espoir et faire que notre monde soit meilleur.
-A noter qu’une playlist est disponible sur la plateforme Spotify pour accompagner par les notes, la musicalité des mots du recueil d’Hélène-
Ce VLEEL poétique se termine par deux magnifiques lectures extraites de ces deux ouvrages avant de nous annoncer le nouveau recueil de Bruno Doucey, 22- bureau des longitudes qui paraîtra en janvier 2022, l’histoire d’un voyage intime et généreux autour de son quotidien de poète, avec une préface d’Hélène Dorion.
Les éditions Bruno Doucey on les aime! On vous l’a déjà dit ?
A VOIR: le replay de la rencontre sur YouTube
A LIRE: une chronique sur le recueil d’Hélène Dorion, une chronique sur le recueil de Murielle Szac et Nathalie Dorion





