Par @eva_tuvastabimerlesyeux
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Le vleel Globe a été trop court…mais intense ! (en même temps, suis-je objective alors que c’est l’une de mes maisons d’édition préférées ?) Voici ce que nous a confié en 1h15 Valentine Gay, la directrice de la maison .
Les débuts : les éditions Globe ont été fondées en 2013 par Valentine Gay. Après avoir été assistante d’un agent littéraire, journaliste aux côtés de Jean-François Bizot, mais avant tout de chose grande lectrice, elle a proposé ce projet à l’Ecole des Loisirs, qui a accepté de devenir actionnaire de la maison d’édition. Les circuits de l’Ecole des Loisirs et de Globe sont néanmoins différents, les deux maisons ont seulement en commun la fabrication et la comptabilité.
L’équipe : Valentine Gay a longtemps travaillé toute seule, avec cependant – et elle insiste sur leur importance – une équipe de correcteurs, attachés de presse et traducteurs externes. Depuis un an, elle a été rejointe par Marie Labonne qui s’occupe du suivi éditorial et des relations libraires.
L’angle éditorial : les éditions Globe explorent des thématiques politiques, sociales, avec le souci de la langue. Que ce soit de la fiction ou de la non fiction, les livres doivent se lire comme de la littérature. Le désir de Valentine Gay était de proposer des livres qui nous éclairent dans un monde saturé d’informations et de changements, qui divertissent mais nous apprennent aussi quelque chose, sur le monde ou sur nous-même•••
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Les livres : Globe sort une dizaine de titres par an, jusqu’à 15 maximum. Ce sont des livres qui ont rencontré leur public, avec ou sans presse, et qui se vendent sur le long terme, des livres de fond, à dimension universelle, dont environ 3⁄4 ont été publiés en poche.
On peut citer de la non fiction: les travaux journalistiques du dissident chinois Liao Yiwu, « Nomadland » de Jessica Bruder, qui présente l’envers du décor du rêve américain (et dont l’adaptation cinématographique a reçu le Lion d’Or à la Mostra de Venise), des récits autobiographiques : « L’Ecart » d’Amy Liptrot (les mémoires d’une jeune femme alcoolique), mais aussi …
« Fairyland » d’Alysia Abbott, qui a véritablement lancé la maison en 2015 (la relation entre une petite fille et son père homosexuel qui l’élève seul) ou encore « Celui qui va vers elle ne revient pas » de Shulem Deen (l’émancipation d’un jeune Juif orthodoxe), mais aussi des romans comme « Delicious Foods » de James Hannaham qui aborde le sujet de l’esclavage moderne, ou « Fille Femme Autre » de Bernardine Evaristo, avec un vrai souci de la langue, qui a reçu le Booker Prize, et évoque deux cents ans d’histoire féminine lors d’une conversation entre amies.
La ligne éditoriale est très clairement tournée vers l’international puisqu’un seul titre francophone a été publié : le livre de Julie Bonnie, « C’est toi, Maman, sur la photo ? ».
Les manuscrits arrivent de façon diverse : celui de Shulem Deen lui a par exemple été transmis à la Foire de Francfort. Valentine Gay lit en anglais donc a accès aux manuscrits en VO, ou en traduction anglaise lorsqu’elle existe, comme pour « Schluss ? » de Walter Kempowksi. Elle travaille aussi étroitement avec son équipe de traducteurs, par exemple Olivier Mannoni pour les livres germanophones. Avant de publier « Les Frères Lehmann » de Stefano Massini, auteur italien, elle avait lu la pièce de théâtre éponyme.
Le design : Valentine Gay a souhaité que les couvertures, dans la lignée du New Yorker, arborent des illustrations, et elle travaille en famille, puisque c’est son petit frère, qui est l’artiste, et qui les conçoit en relation avec les auteurs.
A VOIR: le replay de la rencontre est disponible sur la chaîne YouTube
A LIRE: deux chroniques sur des ouvrages publiés chez Globe, ici et ici