A l’occasion de la sortie de La fabrique du matériau de Marek Sindelka, VLEEL recevait les éditions des Syrtes.
par @elle.n.books et @moonpalaace
Qu’est-ce dont que les Syrtes ?
Il s’agit de sables mouvants extrêmement dangereux, se baladant d’une rive à l’autre, sans cesse en activité. Un jeu du mouvement qui définit bien cette maison d’édition relativement jeune, qui a fêté ces 20 ans d’existence en 2019 !
S’ils favorisent la littérature slave, ils ont également au catalogue des romans russes, de l’Europe de l’Est, tchèques, bulgares, roumains.
Choix personnel de la maison, piocher ce qu’il y a de plus original dans la littérature d’Europe de l’Est, et favoriser des auteurs peu connus dans l’espace francophone.
Ce dernier connaissait les classiques avant la chute du mur, mais a oublié que de nouveaux auteurs fleurissaient. Les éditions des Syrtes ont donc vocation à montrer les différentes variétés, les diversités, montrer comment cette littérature allait s’affranchir de son passé communiste, se dissocier de son héritage littéraire.
« Comment faire émerger cette littérature en France ?»
Ils sont en contact rapproché avec les librairies, la presse, les réseaux sociaux, un travail quotidien pour se démarquer ! Il s’agit d’un travail de broderie, proche de l’orfèvrerie, pour attiser la curiosité des français, avec leurs huit mains.
Pour eux les traducteurs ne sont pas seulement des gens qui travaillent dans leur coin, ce sont de vrais passeurs d’histoires qui repèrent des pépites, font signes à l’éditeur, et sont véritablement le lien entre la maison d’édition et les auteurs.
D’ailleurs à ce sujet, sachez qu’un manuscrit aux éditions des Syrtes est validé sur seulement 10 pages traduites.
Se pose alors la question : Comment choisir, faire confiance à un traducteur sur si peu de pages ?
Il se trouve que la première page d’un roman est la plus soignée, l’accroche est donc immédiate.
« Un bon roman, un grand roman, on le comprend au bout de 10 pages. Les véritables coups de cœurs ont été jugés sur 10 Pages. »
Marek Sindelka a évoqué l’écriture de son roman, incroyable texte qui embarque le lecteur sur la route de la migration, et lui fait vivre au plus près les aléas de la fuite.
Sa volonté était de faire entrer le lecteur dans le corps et la tête d’un migrant, de lui faire ressentir la peur, la douleur, le froid et la faim, de lui faire saisir la réalité physique de la migration, sa rudesse morale aussi, à travers des scènes parfois insoutenables.
Le roman déroule ainsi deux parcours : celui d’Amir et celui de son frère dont on ne connaîtra jamais le nom ni l’origine, effacés derrière l’identité de tous les migrants.
Ce texte offre de place dans une dimension universelle.
A lire pour comprendre non seulement les enjeux politiques mais aussi les effets intimes d’un tel parcours.
A VOIR: le replay de la rencontre est en ligne sur la chaîne Youtube
A LIRE: deux chroniques sur le roman de Marek Sindelka, ici et ici