Rencontre avec Djaili Amadou Amal

par | 29 novembre 2020 | 0 commentaires

Par @moonpalaace et @hanyrhauz 

Au cœur de l’actualité littéraire, @vleel_ a reçu dimanche soir Djaili Amadou Amal, auteure peule née au Cameroun qui a écrit le roman Les Impatientes publié aux éditions Emmanuelle Collas.
Aujourd’hui, elle a été désignée lauréate du Prix Goncourt des Lycéens 2020.
Un choix fort et nécessaire.

Retour sur une rencontre d’exception.
Pour Emmanuelle Collas, l’édition est un outil pour faire réfléchir sur le monde contemporain.
La littérature se nourrit des histoires personnelles des auteurs pour confronter l’intime et le politique. Il s’agit de publier pour faire bouger l’édifice et de proposer des textes dynamiques et rebelles.

Militante féministe, Djaili Amadou Amal est une femme solaire dont les propos d’une grande justesse ne versent jamais dans l’agressivité.
Son ouverture d’esprit lui permet de conserver l’espoir de voir le monde africain évoluer vers une égalité nécessaire entre les hommes et les femmes, et d’octroyer aux femmes les libertés que chaque individu est en droit d’obtenir.

Les Impatientes évoque la difficile condition féminine au Sahel et dénonce les violences faites aux femmes : le mariage forcé, le viol conjugal et toute la terreur psychologique dans laquelle elles vivent sont racontées dans une fiction qui mêle la voix de trois femmes. Mariée de force à 17 ans, Djaili Amadou Amal a vécu les horreurs qu’elle décrit dans son roman. Hier soir, elle n’a pas hésité à se livrer avec générosité et simplicité pour relater brièvement son parcours.

Après des tentatives de fugue et la volonté de mettre fin à ses jours pour échapper à sa condition, l’écriture lui a permis de crier sa colère.
La littérature est devenue son exutoire.
Avec pour ambition première de délivrer le message de la sororité. Les femmes ne sont pas coupables des violences qu’elles subissent et les autres femmes ne doivent pas se montrer complices en gardant le silence. Ne plus se taire. Ne plus être patiente. Être impatiente.

Pour autant, son discours est mesuré et positif.
« Nous ne sommes pas dans une guerre contre les hommes ».

Pour faire avancer la cause de la femme, il ne s’agit pas de se montrer agressive et revendicative mais de faire valoir le droit à l’éducation, le droit au respect de sa personne. Ses propos atteignent une dimension intemporelle et universelle. Pour la première fois, le prix Goncourt a été attribué à un auteur subsaharien. Pour être tout à fait juste, à une auteure subsaharienne, fière d’être autant une enfant du monde qu’une femme peule, en robe wax dans l’automne parisien.
Djaili Amadou Amal ne nous a pas caché son intention de se faire entendre davantage, et de faire un meilleur plaidoyer. De sensibiliser le plus largement possible au Cameroun, en Afrique, en France.

C’est la fierté d’appartenir à sa culture qui la porte et lui permet de croire en un monde meilleur pour que les hommes et les femmes bénéficient des mêmes droits et des mêmes chances et puissent ainsi vivre ensemble en harmonie.
Bravo aux lycéens pour ce choix audacieux

A VOIR : le replay de la rencontre disponible sur la chaîne YouTube VLEEL.

A LIRE : deux chroniques, ici et ici.