Par @hanyrhauz
Les Arènes, c’est une maison d’édition qui n’a peur de rien avec à sa tête, un éditeur frondeur : Laurent Beccaria.
Laurent Beccaria a commencé sa carrière chez Stock. Lui, qui se voyait publier des enquêtes, n’est pas aussi libre qu’il l’espérait. Ne pouvant pas exercer son métier à sa manière, il décide de créer sa propre maison, aidé par l’émergence du numérique. Une maison sans logo, parce que les livres comptent, pas l’éditeur. Une maison où les auteurs sont lus, par les éditeurs (ils sont dix) comme par les représentants, une maison où les auteurs sont défendus. Et l’envie de ne pas être une maison tout à fait comme les autres. Pour cela, il se doit de lire les manuscrits envoyés et d’être sélectif. Il y a peu de textes de commande.
Prendre des risques éditoriaux, c’est savoir récupérer les miettes laissées par les grandes maisons d’édition pour en faire de belles choses. C’est le cas, par exemple, de M, l’enfant du siècle d’Antonio Scurati. Ce roman fleuve, en trois tomes, sur Mussolini, qui a reçu l’équivalent du prix Goncourt en Italie est énorme. Et si ce sont de grands éditeurs qui sont recherchés au départ, ce roman historique, riche en documentation, parfois un peu lyrique se retrouve proposé aux Arènes. Et il y a eu une troisième réimpression.
Prendre des risques éditoriaux, c’est aussi ne pas avoir peur des procès, sans les chercher pour autant. C’est décider d’être libre en restant toujours dans les limites de la loi, même si parfois, on les frôle.
Prendre des risques éditoriaux, c’est quitter les sentiers balisés. Choisir d’éditer du polar et confier les rênes à Aurélien Masson qui quitte la mythique Série noire, pour donner à lire une littérature puissante qui ne se prend pas au sérieux. Mais aussi éditer un livre inclassable et inouï comme peut l’être Underland, qui interroge notre rapport à la société.
Après ça, vous ne devriez avoir qu’une envie. Regardez le replay. Deux envies en réalité. Regarder le replay et foncer voir le catalogue des Arènes. Et pour ça Laurent Beccaria nous a parfaitement guidé. Avec ses incontournables et les quatre livres à lire début 2021.
Dans les incontournables, il y a des enquêtes, comme Le bûcher des innocents ou L’assassinat du docteur Godard, des polars comme Ceci est mon corps ou L’Etoile du Nord, des bande-dessinées, comme Paroles d’honneur ou Voltaire très amoureux.
Et pour ce qui nous attend en 2021 :
– Lëd de Caryl Férey, l’écrivain voyageur qui cette fois se pose en Sibérie pour un roman plus tendre.
– J’ai vu naître le monstre de Samuel Laurent, créateur des Décodeurs du journal le Monde, sur la place de Twitter dans le jeu démocratique.
– Dessiner encore de Coco, dessinatrice à Charlie Hebdo, qui nous dit à quel point le dessin a pu l’aider à avancer après les attentats.
– La traversée de Patrick de Saint-Exupéry, grand reporter, qui présente une enquête à pied sur les traces du génocide rwandais.
Si vous êtes un lecteur frondeur aimant le mélange des genres et les aventures livresques, cette maison d’édition est faite pour vous.
A VOIR : le replay de la rencontre sur la chaîne YouTube VLEEL.
A LIRE : deux chroniques, ici et ici.
