Rencontre avec Jean-Baptiste de Froment

par | 26 septembre 2021 | 0 commentaires

Par @hanyrhauz 

“Moi, si je devais résumer ma vie aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres…”

Cette phrase n’a été prononcée par aucun vleeleur présent à Rouen ce fameux dimanche. Elle aurait pu l’être. Elle aurait pu être aussi prononcée par David Meulemans ou Jean-Baptiste de Froment, tant, en littérature, il n’est question que de rencontres. Nos deux invités se sont croisés pendant leurs études, et sur un court de tennis. Quelques années plus tard, Etats de nature, écrit par Jean-Baptiste de Froment, paraissait aux Forges de Vulcain, maison créée par David Meulemans.

Avec Badroulboudour, deuxième roman de l’auteur, c’est presque un retour aux sources universitaires. Antoine Galland, le personnage principal, est professeur d’arabe et parfait homonyme du traducteur des Mille et une nuits. Antoine Galland, premier du nom, va révéler au monde cette œuvre, le premier texte oriental mis à disposition du grand public occidental. Un personnage considérable qui vient pourtant d’un milieu modeste. On répertorie une thèse dans les années 1960 et quelques fascicules, mais il reste une figure très confidentielle des lettres françaises. Pas vraiment prêt pour la panthéonisation. Et pourtant, dans le roman…

Sous le regard de Flaubert, Jean-Baptiste de Froment nous a parlé de l’orientalisme au XIXe siècle, de Madame Bovary qui rêve d’Orient, de la rencontre entre l’auteur normand et une danseuse égyptienne, comme un symbole de la mainmise occidentale sur le monde oriental. Et de Badroulboudour, la pleine lune des pleines lune, l’idéal amoureux, encore plus que l’idéal féminin.

“La littérature, c’est parler à la place des autres”, “s’il n’y a plus d’imagination en littérature, on est comme assigné à résidence”, et pourtant Jean-Baptiste de Froment nous révèle une part autobiographique dans son roman, il y a son ressenti, sa vie. Il y a aussi la politique, qui a marqué son parcours professionnel (“un accident”) et qui est très présente dans ce texte du personnage de Célestin Commode au discours final comme un clin d’oeil au Dictateur de Chaplin.

Tout roman politique se doit d’être comique, l’humour étant un moyen de rétablir le possible. Et il ne faut pas sacrifier à l’esprit de sérieux. Badroulboudour en est une belle incarnation.
La dernière pensée, à Rouen comme ici, sera pour Mikhail Bakhtine : le roman est comme un carnaval.

A LIRE: deux chroniques sur le roman de Jean-Baptiste de Froment, ici et ici